Femmes d’Aujourd’hui X Nest

Un bel échange avec Christine Masui lui a permis d’écrire un article très pep’s sur un métier oublié qu’est le métier de relieur. Mon travail et ma personnalité ont bien été mis en valeur dans cet article.


« Ah bon ? Y’a encore des gens qui font relier des livres ? »
Anne-Aurélie est habituée à cette réaction étonnée quand elle évoque son métier : elle est relieur-doreur. Passionnée par le graphisme depuis toujours – elle a étudié le grec et le russe pour la beauté de leur alphabet – Anne-Aurélie a quitté sa France natale pour venir étudier à La Cambre.
Au moment de rendre son mémoire, elle a l’idée de le relier elle-même pour en faire un bel objet. « Ce travail de reliure m’a beaucoup plu. C’était manuel, c’était créatif, j’avais trouvé ma voie ! » La jeune femme se perfectionne en reliure à l’Académie des Beaux-Arts, puis aux Arts et Métiers.

Entretemps, elle apprend que Rongé, l’un des derniers ateliers de reliure de la capitale, cherche une petite main pour faire quelques coutures de temps en temps… Anne-Aurélie trouve son bonheur dans cet endroit où le savoir-faire se transmet depuis 4 générations. Elle y collabore durant une quinzaine d’années. Et depuis quelques jours, elle est propriétaire et patronne de l’atelier ! « J’adore ce métier. Chaque livre que l’on croise est un petit bout d’histoire. Je me souviens d’une édition Taschen tellement lourde qu’il fallait être deux pour la manipuler. Nos clients particuliers sont des amoureux des livres. Certains ont hérité d’une bibliothèque familiale dont ils prennent grand soin. D’autres nous apportent des éditions récentes mais qu’ils veulent faire relier pour qu’elles s’intègrent harmonieusement à leur bibliothèque. » Anne-Aurélie travaille aussi avec les administrations. Il y a quelques années, elle a obtenu le marché public lancé par la Bibliothèque royale.

Les ateliers Rongé relient aussi les PV du Sénat ou les documents de la Cour constitutionnelle.
« Chaque projet est unique. J’ai travaillé sur un petit livre en bois d’olivier venu de Jérusalem, sur des collections de cartes postales anciennes… On me demande même de faux livres pour le
cinéma. Rupert Everett, dans le rôle d’Oscar Wilde, a eu entre les mains une fausse vieille farde de ma création ! »

« CHAQUE LIVRE A SON HISTOIRE. JE ME SOUVIENS D’UNE ÉDITION TELLEMENT
LOURDE QU’IL FALLAIT ÊTRE DEUX POUR LA MANIPULER. »

Article paru dans le magazine NEST 23/01/25
Texte : Christine Masuy / Photos Docs Presse